10/01/2012
à 08h50
Internet comme un droit de l'Homme
Martin discute sur Triplex de la sortie de Vinton G. Cerf et se demande s'il coupe les cheveux en quatre. On est en droit (Mouah!) de se poser la même question en lisant les arguments de Martin. :-)
L'internet est un outil. Rien de plus. C'est son utilisation qui le rend si formidable et non lui-même. Comme le pinceau devient utile dans les mains de Picasso, mais ne sera pas grand-chose d'autre qu'un bonhomme-allumette dans d'autres mains.
La charte des droits de l'Homme inclut déjà les droits qui permettent à l'Homme de s'exprimer, de s'informer et de diffuser de l'information. Internet n'est vraiment seulement qu'un outil qui permet l'utilisation de ces droits. Je suis d'accord avec Cerf lorsqu'il affirme qu'un outil ne doit pas faire partie des droits fondamentaux. Sinon, ajoutons-y le téléphone, le télécopieur et le pigeon-voyageur, non?
Il faut faire la différence entre un droit fondamental et un droit civique. Par exemple, l'électricité a été déclarée comme un droit civique au Québec et tout Québécois doit y avoir accès sans que ça soit un droit fondamental comme tel. Une société peut bien décider d’ajouter Internet dans ses droits civiques et ainsi assurer à tous ses citoyens un accès décent à l’internet. Cela n’en fait pas un Droit de l’Homme pour autant mais bien uniquement une nécessité identifiée par une société précise.
Le printemps arabe ou l’été français?
Le Printemps arabe se serait tout de même produit sans internet. La tension montait depuis des années et c'est une vague de fond qui l'a créé, pas Twitter ou Facebook. Désolé. Ça se serait produit tôt ou tard. Cela ne leur enlève rien côté rôle ou utilité sans équivoque, mais ils n'ont été que des canaux de diffusion qui ont permis à l'information de véhiculer plus rapidement/facilement. Les gens en place auraient utilisé un autre moyen de communication si l'internet n'avait pas existé. Sinon, les Français n'auraient pas fait leur révolution en 1789 et ils auraient attendu l'été dernier... Je caricature mais mon point est que l'outil n'est jamais une fin en soi. Uniquement un moyen qui ouvre des portes. À ce que je sache, les révolutionnaires français n’ont pas communiqués entre eux via des textos et pourtant, la révolution a tout de même eut lieu. C’est une caricature hin, il ne faut pas capoter là...
Le droit fondamental qui doit être défendu est la liberté d'expression. Celle-ci est atemporelle, contrairement aux moyens de communication qui expirent toujours éventuellement. Dans 100 ans, nous utiliserons peut-être les atomes présents dans toute matière pour communiquer à la vitesse de la lumière (Génial, rendû là, on pourra se passer de Vidéotron. C’est tentant comme concept tout de même) et le TCP/IP sera vu comme un dinosaure. Le principe qui demeurera sera le même: la communication entre individus. Ça, c'est un droit.
On tire encore un peu sur l'élastique mais c'est comme si on ajoutait le riz dans les droits de l'Homme en plus du droit à l'alimentation. Ça devient trop spécifique et un peu contraignant pour les Inuits, mettons. Je pense que l'internet demeure un simple (et fantastique, on s'entend) moyen de communication et que celui-ci n'a pas sa place dans les Droits de l'Homme. C'est juste superflu à mes yeux et un peu du découpage de pixels en quatre. ;-)