Je suis Alex Lauzon

23/02/2006
à 22h57

Graal. Jour un

Bonsoir beauté folle,

Je pense bien que j'en ai terminé avec les souliers qui me marchent sur les orteils depuis les derniers jours. La semaine prochaine devrait être plus tranquille. Ça me donnera le temps de t'écrire un peu plus que dernièrement.

À l'inverse de ma journée de travail, Galarneau a rayonné grandement aujourd'hui. J'espère que tu en as profité comme il faut. Pour boire à la défaite de notre équipe de glace, je me suis pris un Barolo. Étant canayen par passeport, j'aurais pu me prendre un vin de Niagara mais je n'ai pas la fibre patriotique aussi olympienne que d'autres. Je suis sorti me le prendre ce midi, une vraie journée de printemps. Ça sentait presque le sirop d'érable. Je sais pourtant que c'est encore l'hiver. Je n'ai vu aucun bourgeons sur les arbres. Aurons-nous un jour un printemps pour nous? Vivement notre changement de saison, ma jolie. Je veux aller marcher avec toi, faire le marché à pied. Aller cueillir des champignons et ne pas les rater cette fois-ci. Les trompettes de la mort frites, c'est tout de même pas ma spécialité. Enfin, me semble bien.

J'ai parlé un peu avec mon thérapeute aujourd'hui. Il m'a conseillé de dormir avec un objet qui me réconforte. J'ai pris ton peignoir rouge et je l'ai placé juste à côté de ton oreiller. Il sent bon toi. Éventuellement, il sentira bon moi et tu pourras être encore mieux, doucement enrobée dans son coton. Peut-être que mes BTUs y resteront assez longtemps pour te réchauffer. Dis-moi, j'ai oublié, tu préfères dormir à gauche ou à droite? Au milieu? En travers du lit, les membres en rose des vents? Bah! Peu m'importe puisque finalement, je m'étendrai toujours simplement à tes pieds comme une peau d'ours poilu et mal léché.

Merci pour la musique laissée. Je l'écoute en boucle continue. Chloé me chante qu'elle m'écrit pour me dire qu'elle m'aime. Je t'écris en te chantant que je t'aime follement. J'ai déjà envie de jouer de la musique sur ton corps. Faire aller mes doigts sur ton piano, Que ton violon se plaigne langoureusement, que ta flûte appelle les souris de la ville, jouer de la trompette dans tes cheveux, faire résonner tes jolies cymbales, frotter mon archet contre ton violoncelle, cogner quelques coups sur ton triangle, chanter un opéra dans tes oreilles et finir le tout dans un solo de guitare électrique interminable. Tu es une symphonie. Douce en allegro, adorable en sonate, mademoiselle en sérénade, tout ton toi en concert pour l'éternité. Mes doigts veulent écrire des partitions sur ta peau. Une lumière de ma lune autour de ta terre, un barbier sur Fairmount, une bohème charnue, un rhapsodie en yeux bleus, une douzaine d'opéra cuisinés et des milliers d'adagio dans notre lit.

Je suis en quête. En quête de patience. J'ai mis ma plus belle armure. Mon cheval de bataille sera paré demain, prêt pour la grand route. Mon Graal est quelque part sur mon chemin. Je m'y abreuverai bien tôt ou tard. Je suis remplie de courage et de craintes. Je patiente impatiemment. Mon épée demeurera dans son fourreau. Je la sortirai dans un éclat de lumière en temps et lieu lorsque nous serons ensemble quelques instants.

Aucune autre pulpeuse que toi n'a gagné mon coeur aujourd'hui. Ma quête peut continuer.

Je t'embrasse comme tu aimes que je le fasse. Avec un désir empli de morsures. C'est mauvais pour les gerçures sur les lèvres, je sais, mais c'est tellement bon quand j'applique mon baume sur ta bouche.