Je suis Alex Lauzon

13/10/2009
à 22h49

De l’originalité des
utilisateurs de Twitter

Il en coule du texte sous le pont Twitter en une journée. Est-il toujours de qualité? Facile d'en douter. Je lis moins de 175 personnes via l'outil et je les apprécie tous. Je conserve ce chiffre relativement bas pour être certain de ne pas les perdre de vue. Je préfère ne pas suivre quelqu'un plutôt que de le suivre à moitié. Ceci est mon utilisation de Twitter et grand bien m'en fasse.

Suivre un politicien sur Twitter, c'est s'exposer à son discours de politicien. Des liens vers des communiqués de presse, des attaques contre leurs adversaires, de la promotion pour leurs idées et cie. Tout ce qu'il y a de plus normal à mon avis. Je ne m'attends tout de même pas à ce que Mme Françoise David se mette à me parler de son tout nouveau téléphone. Ou de sa dernière visite au restaurant, je lis Mme Lortie pour ça.

Même chose avec M. Gilles Duceppe qui remercie aujourd'hui les gens de Rivière-du-Loup pour leur accueil. Ça ne me fait pas sauter de joie, mais ça ne m'endort pas non plus. Ça me dit simplement que M. Duceppe était dans ce bout de pays aujourd'hui. Sans plus. Marie-Claude Lortie réagit en lui disant que c'est endormant comme publication. Mais est-ce que nous annoncer que sa poule s'est fait la malle la semaine dernière était plus intéressant? Non, pas vraiment. Désolé, mais on s'en fout de la poule qui fugue. Et on se dit que si elle ne peut même pas en conserver une, c'est peut-être mieux qu'elle arrête d'essayer d'en avoir. Enfin, passons —et je suis d'accord avec les poules en passant. J'avais fait suivre le lien à ma copine en lui disant «On veut ça nous aussi!» Je ne parle pas du principe d'avoir des poules. Je parle de l'anecdote en soi. Ça n'apporte rien à la cause, au contraire.

Les journalistes Cécile Gladel et Mme Lortie sont les premières à transmettre sur Twitter des liens vers leur blogue. Elles utilisent l'outil pour diffuser de l'information qui les préoccupe et fait avancer des causes qu'elles trouvent justes. Je me demande sincèrement ce que ça a de différent (ou de mieux...) d'un politicien qui publie via Twitter un lien vers un communiqué de presse. Tous les deux prêchent pour leur paroisse. Est-ce que les billets des journalistes sont plus intéressants? J'en doute. Ça dépend du point de vue du lecteur et de son intérêt.

Mais là où ça me chicote, c'est que les gens n'hésiteront pas une seule seconde à déclarer publiquement qu'ils trouvent un politicien plate, qu'il sort sa cassette sur Twitter et gnagnagna alors qu'ils en font exactement la même utilisation que bien des gens: publier du contenu qui les concerne. Point. Désolé, mais il n'y a rien d'intéressant dans le fait que Mme Gladel ou Mme Lortie publie un lien vers leur blogue. C'est de l'auto-promotion au même titre que le politicien qui pointe vers un communiqué de presse. Et c'est très loin d'être plus original. Il n'y a rien d'original dans l'auto-promotion de son blogue, la «gachette rapide» sur le RT vers des articles de journaux et cie. C'est tellement facile à faire comme publication sur Twitter. Je sais combien c'est aisé, je viens de le faire pour ce billet justement. Je trouvais ça intéressant de l’envoyer aux personnes que je nomme dans ce billet.

Quelle est la différence entre remercier quelqu'un pour son «RT» ou pour son «FF» et remercier les gens d'une ville pour leur accueil? Quelqu'un peut-il m'expliquer? Pouvez-vous trouver une seule autre raison que le sempiternel cynisme envers les politiciens? Je serais bien curieux de l'apprendre.

Les deux sont aussi plates un que l'autre. Le hic, c'est que ce sont uniquement les politiciens qui font se le faire dire. Bravo pour l'originalité et la fraîcheur de la cible. On n'avait jamais entendu ça avant aujourd'hui, une critique envers un politicien... Et quand ça se généralise pour à peu près tous les politiciens sur Twitter, on commence à trouver que ça sent la cassette d'une personne avec la «switch bitch à on» tout simplement. Ça me semble être de la suffisance provenant de gens prétendant posséder le recul nécessaire afin de juger de la propice utilisation d’un outil de communication employé régulièrement par une minorité très mince de personnes. Est-ce si primordial d’utiliser de la plus meilleure façon originale que ce soit un outil qui sera peut-être disparu dans 2 ans au profit d’un nouvel outil plus flexible? Le discours «après Twitter, point de salut» sonne comme de la musique d’hystérique à mes oreilles. Respirez par le nez et laisser le temps faire son oeuvre un peu!

Le «unfollow» est toujours disponible en 2 ou 3 clics. Je voudrais bien qu'on m'explique pourquoi on arrête de suivre une personne que l'on trouve peu pertinente, mais qu'on se permette de critiquer plusieurs fois dans une semaine les politiciens qui tentent d'apprivoiser l'outil et qui s'en tire plutôt bien à mon avis.

J'ai eu plus d'interaction sur Twitter avec M. Duceppe et Mme David qu'avec Mme Lortie. J'ai «pingné» tous les 3 tôt ou tard depuis que j'utilise l'outil et Mme Lortie est la seule qui n'a jamais répondu. Nos politiciens sur Twitter peuvent peut-être paraître ennuyants aux yeux de certains, mais au moins ils n'ont pas été snob envers moi et m'ont répondu promptement. Je ne m'attendais à une réponse d'aucuns d'entre eux en passant, je souligne seulement le fait. C’est plutôt amusant.

Récemment, j'ai avisé M. Duceppe que je demeure dans sa circonscription et que je trouve que je reçois trop de publications provenant du BQ. À mon avis, il y aurait sûrement moyen de réduire la quantité de papier utilisé. M. Duceppe m'est revenu en moins d'une heure avec son opinion et il a saisi la balle au bond comme un fin renard pour vanter les politiques que le BQ prône à la Chambre des Communes. Si ce n'est pas utiliser l'outil, je ne sais pas ce que c'est! Même chose pour Mme David, elle répond très rapidement et participe autant qu'elle le peut. On ne peut tout de même pas s'attendre à ce que leurs publications deviennent originales et sexy. Ce sont des chefs de parti politique. Pas des chroniqueurs qui peuvent s'exprimer sur tout et sur rien sans grande impunité.

Moi, je leur lève mon chapeau et je leur dis bravo pour leur utilisation actuelle de l'outil Twitter. S'ils l'améliorent encore davantage dans les prochains mois, je les féliciterai encore. Ils auront ainsi réussi à se servir de l'outil encore mieux que ceux qui prétendent faire partie de son élite.