26/06/2019
à 20h53
26 juin 2019, Naubinway avec
une double portion de gravelle
Avant de quitter Chicago, je voulais essayer un dernier restaurant. Avec la contrainte de vouloir quitter tôt, je devais trouver un restaurant ouvert à 7h00 ou avant. Le Manny's, ouvert depuis 1942, me semble un bon choix. Déjeuner américain classique. Ça ouvre à 7h. J'y suis à cette heure, la place est vide. Ça me fait penser au Snowdon Deli. J'aime ce genre d'endroit. Déjeuner honnête.
Je fais un peu d'autoroute afin de sortir de la ville. Malgré le fait qu'il ne soit que 7h30, il y a un trafic considérable sur la 94. Je ne comprends pas très bien où vont tous ses gens puisque nous sortons de la ville, mais bon... Vive l'étalement urbain.
J’arrive à Waukegan afin de poursuivre plus près de la berge. Je rejoins Milwaukee et de là, je prends des routes secondaires pour remonter tranquillement vers le nord.
Je ne me suis pas promené amplement aux USA, mais j'ai en mémoire le mythe tenace qui dit que leurs routes sont plus belles qu'au Québec. Et bien, relaxe, lectrice, lecteur. Ceci est un mensonge. Depuis mon départ, je te jure que j'ai amplement vu des routes ou des autoroutes en mauvais état. Certaines routes sont parmi les plus dangereuses que j'ai vues. En veux-tu des nids de poule? En v'là. J'ai croisé bon nombre de lisières entre deux voies. C'est loin d'être amusant en moto, ce genre de crevasse. Enfin. Y'a de belles routes aussi. Faudrait juste arrêter de penser que tout est beau chez le voisin du sud. Ce n’est pas vraiment le cas.
D'ailleurs, en faisant la file sur une route en réfection majeure, on attends depuis plusieurs minutes sans bouger. Je me dis, fuck it, chus en moto, je passe sur l'accotement pour au moins me placer au début de la file. Je remonte tout le peloton et me place juste à côté du premier. Le monsieur me regarde, baisse la fenêtre passager et me crie, en anglais dans le texte, «Ti-gars, ça fait 20 minutes que je suis ici. Selon moi, y'a encore un de ses employés de l'état qui a foutu sa graine dans un trou de la machine et tout a bloqué». Oh boy. Ça va être amusant cette conversation! J'arrête Rutilante, je débarque, me présente. Le gars est une caricature de caricature. Il me dit des choses du genre «J'ai plein d'armes automatiques dans ma valise, j'aime bien aller au stand et tirer. Ça me défoule. Là, allez, je te donne celui que tu veux et on va leur chauffer le cul!» Je ris jaune. Il me parle de corruption dans l'état, de «Crooked Hillary» (trouvez le lien, moi, je vois pas...), de comment c'était pas comme ça dans son jeune temps, que les USA vont finir ça en guerre civile, que les médias soient tous de gauche (je lui mentionne Fox et il dit que même Fox est trop à gauche... OK...) et qu'ils brainwashed tout le monde avec leurs idées, vive Trump même si vous le trouvez débile dans votre pays. Ça va bien. Tentant de trouver un point commun, la corruption, je lui parle des libéraux, de la collusion dans la construction, les contrats municipaux à l'ère de Tremblay, SNC-Lavalin. On rit bien. Il me rajoute une couche avec les Mexicains qui volent tout les objets que tu ne mettras pas sous verrou et les Syriens qui se sont fait payer le gros luxe par Obama. Wow. J'aimerais bien revenir sur le brainwash des médias ici, mais je laisse faire... Il me tend un feuillet, c'est une publicité pour son camp de chasse et pêche. Il me dit que je suis le bienvenu si je veux y passer la nuit gratuitement. C'est la saison morte alors ça lui fait plaisir de me donner un coup de main. J'apprécie le geste et la générosité, mais je lui dis que j'ai déjà payé ma chambre près de Naubinway.
Il me précise: «And oh! Son, i'm not gay you know!» Meilleure précision à vie. J'avais deviné en tabarnak mon coquin!
On jase encore un peu, le camion guide arrive finalement, les autos de l'autre sens passent et c'est notre tour. Je lui serre la main, le remercie pour la belle conversation enrichissante (il sait pas, mais il a rempli mon billet de blogue, merci Mike!) et je pars.
Anecdote américaine #43: J'ai fait le plein d'essence à une station-service dans la ville d'Escabana. Une dame dans l'allée à côté, chauffeuse de taxi, voit Rutilante, sourit et me complimente. «Nice bike sir!» Je dis merci. «Where are you going?» Je réponds Naubinway. «It's that way.» en me pointant vers l'est avec son doigt juste avant de s'engouffrer dans son char et partir. Damn. Pas besoin de GPS quand tu as une dame pour te pointer la direction, non? Je ne comprendrai jamais pourquoi elle me l'a précisé, mais merci quand même.