01/01/2017
à 15h07
1er janvier 2017, Montréal sans titre
2016 est à oublier; à noyer dans un verre de champagne le 31 en se disant que 2017 sera meilleure. J’ai de la difficulté à me joindre au karaoke annuel qui rechante inlassablement «Ça va bien» de Kathleen. Désolé de ne pas participer au concert de jovialisme ambient des derniers jours. Je crains que tous et chacun aient la mémoire courte, qu’on se comportent comme un gouvernement libéral, c’est-à-dire en faisant de la petite gestion à court terme, sans vision à long terme.
D’abord, reculons en 2015: C’est là que le jello Trump prend. Sa montée est impossible à endiguer, même par le très puissant parti républicain. La crise des migrants bat déjà son plein, des morts à faire déborder des conteneurs, Aylan Kurdi en bonus (C’est le petit de 3 ans échoué sur une plage de Turquie au début septembre 2015). Le Québec est en pleine austérité patentée, la température moyenne de la planète n’a jamais été aussi élevée. D’ailleurs l’accord COP21 de Paris (limiter la hausse à 2°C) ne sera qu’un vœu pieu que l’humanité n’atteindra jamais, j’y reviendrai. Un terrible attentat terroriste contre Charlie Hebdo. La commission Charbonneau implose en ne réglant à peu près rien. Boko Haram décime tout sur son passage au Nigeria. C’est le bordel total en Syrie où tout le monde tape sur tout le monde, incluant les civils. Ici, malgré Sam Hamad, Jacques Daoust, Laurent Lessard, le PLQ va toujours chercher une majorité d’appuis de sondage en sondage. C’est à n’y rien comprendre. Mais en 2016, tout le monde avait oublié tout ça. Après tout, Ricardo venait de se faire traiter de gentleman trappeur et il fallait régler ça pronto. Dossier identitaire vous dîtes? Yep.
2015 a simplement mis la base pour 2016. 2016 s’est eu elle-même pour se mijoter et réduire tranquillement. Je dis ça, je dis rien, mais rien n’est réglé en Syrie, Ça ne peut que dégénérer aux Philippines, Israël débutera bien mal son année, Trump viendra rapidement foutre un bordel monumental, autant aux États-Unis que sur la planète. 2017 sera l’année la plus chaude jamais enregistrée. Et on se dit «vivement 2017»? Vraiment? Vivement quoi au juste? Qu’allons-nous améliorer en renouvelant le calendrier de pompiers?
Comment réagira Trump face aux médias qui le critiqueront après le 20 janvier? Moi, ça m’inquiète énormément. L’exécutif américain a tellement de pouvoirs. Je crains pour la démocratie américaine. Il suffira d’une crise majeure pour que le pays bascule. Les optimistes disent que les institutions y sont fortes et je le souhaite. Je n’aime pas les métaphores, mais là, c’est comme dire que la forêt est forte face à la coupe à blanc…
L’homme n’est pas seulement un loup pour l’homme. Il en est aussi un parasitoïde. Il faut avoir un certain esprit auto-destructeur pour se dire écœurés des élites, écœurés des riches, de Wall Street, des magouilleurs pour ensuite élire le politicien le plus menteur de tous les temps. Pour en ajouter une autre couche, Wall Street ne voulait pas de Trump et depuis son élection, elle bat des records de performances. Trouvez l’erreur. Espérons qu’il n’y aura pas de correction sévère car le réveil sera rude.
Ici, en 2017, les Libéraux seront toujours au pouvoir, Lisée fera de son mieux pour trouver des stratégies, Legault fera de son mieux pour changer d’idée et tenter de surfer sur le populisme et les péquistes chialeront toujours contre la séparation du vote plutôt que de se remettre à la véritable social-démocratie (Ça, ça veut dire de l’être aussi une fois au pouvoir). Faut en revenir de donner en exemple les CPE… Le système a été mis en place en 1997. 2017 mettra la table pour une réélection libérale majoritaire (si si) en 2018 ou au mieux, un gouvernement péquiste minoritaire. Un comme l’autre, Lisée se fera montrer la porte (2 ans plus tard s’il réussit l’exploit de gagner un gouvernement minoritaire) et ça me donnera raison sur un point déjà avancé: le PQ aurait dû choisir Cloutier et construire avec lui, quitte à perdre les prochaines élections. Tu peux me trouver débile, soit. Mais c’est exactement ce qu’a fait le PLC avec Trudeau. Au début des dernières élections canadiennes, personne au PLC ne croyait en leur chance. Ils se disaient tous qu’ils se préparaient pour les élections suivantes.
2016 aura été l’année la plus chaude. Le record durera jusqu’au dernier trimestre de 2017, qui sera devenu à ce moment la nouvelle année la plus chaude. Certains scientifiques commencent à conclure que la planète se réchauffera de plein plus que 2 petits celcius. On parle plutôt de 5, 6 voire 8 ou 9 degrés de plus d’ici 30 ans. Les deux pôles seront complètement fondus. Les impacts se feront sentir sur des siècles. C’est de loin la catastrophe la plus importante jamais vécue par l’humanité.
Mais nous, que faisons-nous pendant ce temps? Souhaitons-nous une belle année et continuons sur la même lancée. Ne modifions pas nos habitudes de consommation, relativisons notre superbe persévérance dans l’étalement urbain et le manque de ressources en transport en commun, continuons à acheter davantage de camions et de VUS pour charier la poussette du bébé qui en 10 ans, a triplé de volume pour on ne sait trop pour quelle raison. Rien de nouveau ou d’original: on se comporte comme si l’abondance était infinie, comme si toutes les ressources étaient inépuisables. Le tissu social est en fait tissé de consommation et de gazon plus vert chez le voisin. Chacun ajoute une nouvelle couche de tourbe bien verte par-dessus le dépotoir qui déborde de partout.
J’ai une citation parfaite tirée du 2e film de la trilogie The Matrix. Le Merovingian dit: «What is the reason? Soon the why and the reason are gone and all that matters is the feeling. This is the nature of the universe. We struggle against it, we fight to deny it; but it is of course a lie. Beneath our poised appearance we are completely out of control.» Voici en une phrase, l’essence de notre époque. La perception est plus importante que la vérité. Ça probablement toujours été vrai. Mais les réseaux sociaux ont amplifiés le phénomène. Les politiciens en ont profité. Trump, évidemment mais aussi à l’échelle municipale avec Anie Samson, déclarant lors du débat sur les chiens dangereux, que l’importance n’est pas les faits et la science mais bien le grô bon sens. Ouch.
En 2016, la politique est morcelée en petites pièces qui ne s’imbriquent pas les unes dans les autres. Les gens aiment Denis Coderre à cause de sa verve tout en se foutant complètement qu’il ne possède pas de programme clair, précis et structuré. Il improvise constamment et s’en sort toujours avec une maxime poche, une phrase choc ou un air tranchant, autoritaire. En 2017, je ne vois aucune raison pourquoi ça changerait. Autre de politique brisée: Notre Premier Ministre Trudeau nous promet une révision du mode de scrutin puis la balaie sous le tapis, prétextant que ce n’est plus un enjeu. Difficile de croire aux «sunny ways» après ce revirement. Cela dit, tout n’est pas perdu à ce sujet. Espérons qu’il ira de l’avant et modifiera vraiment le mode de scrutin. À suire comme disait RBO.
La politique carbure plus rarement aux idées ou aux projets grandioses. Tout politicien se doit d’être pragmatique, d’être un simple gestionnaire des actifs. Il me semble plus difficile de faire rêver une majorité de gens. Tout est toujours décortiqué, compartimenté, critiqué de tous cotés. Selon moi, qu’importe le coût pour des infrastructures, tout en faisant attention à ne pas tomber dans la collusion et les pourcentages payés en trop à cause de la corruption, on s’entend; Un bon exemple serait une nouvelle ligne de métro, telle que la ligne rose proposée par Valérie Plante. Cette infrastructure sera utilisée pendant des décennies, elle servira une part importante de la population, elle fera augmenter la valeur des terrains et des maisons partout où elle passera. Je ne vois que des points positifs pour en débuter la construction dès maintenant. En fait, Montréal devrait avoir un budget alloué aux nouvelles stations. Mettons, une nouvelle station par année, au pire à toutes les 2 années. Mais non, l’idée de la ligne rose est critiquée même au sein de Projet Montréal. On aura amplement le temps d’amortir les coûts. Je ne vois aucun problème à faire des déficits avec des infrastructures qui sont utiles pour toute la société, sept jours sur sept à l’année longue.
Je n’hésite pas une seconde à sacrifier le dernier chargement de neige de la saison si la météo prévoit une fonte dans les 15 jours suivants. On peut très facilement endurer un transport automobile au ralenti pendant 2 semaines. Au pire, faisons les grandes artères uniquement. Avec l’argent épargnée, faisons un projet unique qui sera utile pour des années.
2017 sera belle si on y travaille tous, quotidiennement, individuellement. Pas collectivement là, non, car dans ce mot, on place la responsabilité sur les épaules des autres. Non non, individuellement, on réfléchit à tous nos gestes, on pense avant d’agir, d’acheter, de partager un lien. Pis on fait l’amour. Parce que nous sommes en 2017.