Je suis Alex Lauzon

10/01/2010
à 10h10

Bonne fête Le Devoir!

Il s’est étonné et m’a regardé drôlement la première fois où je lui recommandé de lire un article du Devoir. Il faut dire qu’au nombre de fois où je lui ai balancé des n’importe quoi, sa réaction était normale.

Au milieu des années 90, j’ai travaillé comme cuisinier au bistro l’Express et le chef lisait souvent sa copie sur son petit pupitre dans la cuisine alors que nous nous affairions à préparer le service du diner. Habituellement, j'avais déjà lu la mienne en déjeunant chez moi et je la terminais souvent dans le métro. Ainsi, il a trouvé douteux qu’un jeune homme sans grande éducation, souvent baveux, toujours bavard lui recommande une lecture dans un journal d’élite. Mais rapidement, au fil des conversations suscitées par tel ou tel article, il a compris que je le lisais vraiment et qu’en plus, j’aimais ça.

Au secondaire, on me regardait parfois bizarrement lorsque je lisais mon Devoir au café étudiant. Au Cégep aussi, même si j'y ai entrepris (mais jamais terminé) un diplôme en Littérature. Au studio de design où j'ai passé de nombreuses années, on me taquinait en me demandant de conserver la section des Sports. Chez BBDO, on me disait «Dans le fond, je le vois bien, tu achètes le Devoir juste pour faire le Sudoku pendant le lunch.»

Suite à ma première soirée avec ma Chérie, j'ai dit, à la blague, que ça m'avait semblé comme une rencontre entre Le Devoir (elle) et le jounal de mourial (moi). Oui, elle m'a fait cet effet-là ma blonde, que voulez-vous.

Oui, j’ai parfois besoin d’un dictionnaire pour le lire. Mais je me plais à croire que c’est parce que les artisans du Devoir ne prennent pas leurs lecteurs pour des imbéciles. Oui parfois je ne comprends pas un article. Est-ce si grave ou important? Non. Pas vraiment. Le restant du temps, je comprends et j’apprécie les finesses.

Journal d’intellectuels? Soit. Depuis quand réfléchir est-il une tare? Ça ne m’a jamais vraiment dérangé que les gens me trouvent «bizarre» parce que je lis Le Devoir. Ça m’a toujours plutôt amusé. Et pour être honnête, depuis un an, c’est plutôt moi qui trouve amusant ceux qui lisent un journal sans journalistes comme si rien n’avait changé. Faut croire qu’ils ont toujours uniquement regardé les images ou fait le sudoku pendant le lunch.

Aujourd’hui, je tiens à souligner que Le Devoir fait partie de ma vie depuis bientôt 20 ans. Ce journal m’a toujours aidé à former ma pensée, à réfléchir, à placer les événements dans leur contexte. À user de pensée critique. Et, puisque je suis un être égocentrique, je souhaite qu’il le fasse jusqu’à ma mort.

Avoir 100 ans et être en santé plus que jamais, c’est tout de même beau la vie. Mille mercis à tous les artisans du Devoir, c’est un véritable plaisir de l’esprit que de lire le fruit de votre labeur.