Je suis Alex Lauzon

21/08/2016
à 17h46

21 août 2016, Personnage #5

Marie. Ahhhh, chère Marie. C’est pour quand le Grand Amour, dis-moi? Tu me diras?

Marie clique sur le bouton «envoyer» et se lève. Elle est fière de son dernier courriel. Elle maitrise si bien les rouages de son métier dorénavant. Le destinataire lui répondra probablement dans la prochaine heure suivant sa lecture. La suite sera facile. Ses dossiers sont en avance et son supérieur en sera ravi, une fois de plus.

Marie sort sur la terrasse. Un appartement au 5e étage avec vue imprenable. Le soleil se couche sur une autre belle journée. C’est le temps d’un verre de vin. Et d’une douche. Il fait chaud. Dans quelques heures, elle ira rejoindre une amie pour une soirée dans un bar d’un quartier huppé de Bamako. Marie est une blonde aux yeux bleu comme le ciel, une peau blanche et laiteuse, un corps parfait et généreux. Très chanceuse, elle a rapidement appris à ne pas se promener n’importe où dans la ville et depuis, elle s’en tient à quelques endroits bien tranquille uniquement.

Marie est née à Rome. Ses parents sont arrivés au Canada pendant les Jeux Olympiques de 1976 et ne sont jamais repartis (pis, bon, euh, tu comprends qu’elle les a suivi à Montréal, hin?). L’enfance de Marie fût normale, entre les jeux dans la ruelle et les escapades au Marché Jean-Talon avec son père, tout est banal. Même son adolescence et le début de la vingtaine. Rien à dire. Dernière année d’université, elle rencontre Christophe, un homme charmant, son complice pour la vie. Ils demeurent ensemble en appartement pendant quelques années. Marie voulait fonder une famille avec lui. Puis, la mort a encaissé son dû un peu en avance. D’abord, son père est mort du cancer très rapidement. Puis, le lendemain des funérailles, Christophe s’est tué dans un accident de la route.

Marie a voulu voir du large. Marie s’est, disons-le ainsi, enfuit du Québec. Gestionnaire de projets dans une agence de relations publiques au centre-ville, elle n’a eu aucun problème à se trouver un rôle similaire dans un organisme à but non-lucratif œuvrant un peu partout sur la planète. L’organisme la met en poste à divers endroits selon les besoins. Depuis quelques années déjà, elle coordonne les effectifs avec efficacité. Marie est un ange. La collègue parfaite. Marie est très heureuse dans son métier. Contribuer à combattre le racisme, les injustices, aider des familles démunies, tout ça lui donne un fort sentiment d’accomplissement.

Marie est une romantique. Patiente, elle ne fume pas, ne se drogue pas, fait du sport, mange équilibré et boit seulement quelques fois par semaine. Marie adore les voyages et profiter du bon temps. Elle alimente intensément son compte Instagram. Sa mère adore ça. Elle se garde toujours occupée et mord dans la vie autant que possible. Marie est franche et sincère dans toutes ses communications. L’hypocrisie, la tricherie, les conversations plurivoques la répugnent.

Son amoureux était parfait. La marche est donc un peu haute pour le remplacer. Marie est très sélective et un peu craintive de s’engager. Elle dit que le prochain devra rester lui-même, avec ses qualités et ses défauts, mais donc, si elle l’accepte tel quel, faudra prendre le temps de bien le connaitre. Mdr! En couple, elle veut de la complicité, de l’honnêteté, aucun secret. L’argent est sans importance, ni l’aspect physique d’ailleurs. La beauté est intérieure. Marie pensait passer sa vie avec son amoureux. Sa mort a tout remis en cause et elle se demande maintenant quand sa vie débutera vraiment. Plonger dans le travail n’aide pas vraiment mais au moins, ça l’occupe.

Habile cuisinière et patissière, Marie trouve facilement une excuse pour inviter des amies, toutes collègues forcément, à la maison pour faire un beau souper qu’elle adore qualifier de roboratif. Elles parlent de tout et rien aisément. Marie est un peu comme Justin Trudeau — si on laisse de côté qu’il est Premier Ministre; Tout le monde veut être ami et prendre un égoportrait avec elle.

Bon, là, évidemment, y’a quelque chose qu’on sait pas à propos de Marie. Mais m’a pas te le dire tusuite. Tsé. Et hop, un autre carnet-roman juste avant l’apéro. Booya!